Et si se reconnecter à sa passion devenait un acte féministe ? Dans cet article, je raconte comment mon retour à la photographie a donné naissance à Légitimes, un projet engagé, féministe et profondément humain. Trente personnalités, cinq collectifs, des portraits en noir et blanc pour visibiliser l’invisible, questionner nos représentations, et laisser trace. Une histoire de rencontres, d’éveil, de réappropriation.
Bienvenue dans les coulisses de Légitimes.

Je ne saurais pas dire ce qu’ est une "bonne photo".
Pour moi, une image forte est celle qui me heurte, qui me renvoie à quelque chose de moi, de mon histoire, à un souvenir enfoui qui remonte à la surface sans prévenir. Quand j’ai repris la photographie à 37 ans, j’ai choisi un appareil photo au détriment d’un canapé. Un geste simple, mais fondateur. Je revenais à ma passion première, à mon langage naturel, à cette envie de garder trace.
Ce retour s’est incarné dans un projet : Légitimes.
Un projet né pendant la crise sanitaire. Un projet pour rester debout. Un projet de cœur, de résilience, mais surtout de rencontres.
Légitimes, c' était ma prise de conscience féministe, mon tout premier grand travail photographique après des années de parenthèses. C’est aussi une exploration du féminisme – ou plutôt des féminismes – à travers des parcours de femmes engagées. Chaque échange, chaque rencontre, chaque prise de vue m’a nourrie, m’a ouvert les yeux, m’a désimbriquée intérieurement. Le féminisme, cette volonté de transformer une société construite sur la domination acquise, m’est apparu comme une évidence. Moi qui m’interroge encore sur ma condition de femme, je voulais comprendre ce qui nous façonne, ce qui nous freine, ce que nous portons malgré nous. Et surtout, je voulais le montrer.
Un projet photographique, une archive vivante
J’ai choisi 29 femmes, 1 personne non binaire et 5 collectifs de femmes. Des parcours pluriels. Des voix singulières. Des corps, des engagements, des luttes.
Avec comme point commun ? Faire bouger les lignes. Questionner les normes hétéronormées. Ouvrir des voix. Je les ai photographiées selon trois axes : En action, pour montrer ce qu’elles font. Au repos, pour évoquer la charge mentale, la fatigue invisible. En studio, sur un fauteuil symbole de pouvoir, d’autorité, et souvent… du patriarcat. Un même décor, une même lumière, une mise en scène volontairement codifiée. Une volonté de contrebalancer les représentations classiques, de réécrire l’imaginaire collectif.
Le noir & blanc, comme une déclaration
J’ai choisi le noir et blanc pour sa capacité à révéler l’essentiel. Il met en avant l’émotion, l’âme, les ombres et les silences. Il efface les distractions pour révéler l’essence. Il est intemporel, universel, archivistique. C’était nécessaire, si je voulais participer à l’écriture du matrimoine. Créer des ponts entre générations J’ai été frappée par une citation de Mona Bailey : « Lorsque les jeunes féministes ignorent le travail fait précédemment, elles se privent d’outils valables... » Légitimes, c’est aussi cela : créer du lien entre héritage et contemporanéité. Porter reconnaissance aux aînées, sans éteindre les voix nouvelles. Encourager les femmes à être elles-mêmes et à se sentir légitimes, puissantes, actives. Et puis, parce qu’il faut laisser trace. Pour les suivantes.
Pour aller plus loin, je vous recommande : Le compte Instagram de ma petite ASBL mais également les compte @WomenPhotographersHistory @MexicanWomenPhotographers ainsi que toutes les expos mettant à l’honneur les femmes photographes (qui disparaissent trop souvent des radars d’un métier déjà précaire).
Le livre Légitimes est toujours disponible à la vente auprès de l' Asbl Women We Share ou auprès de Courgette Editions